Vœux bilingues

Le personnel et les étudiants de Rennes 2 ont reçu hier par courrier électronique les vœux de la présidence de l’université, ainsi rédigés :

Le président et l’équipe de direction de l’Université Rennes 2 vous souhaitent une bonne année 2024 et font le vœu qu’à travers leur mission de service public, les établissements d’enseignement supérieur continuent de former des esprits éclairés, porteurs de paix et de tolérance.

Prezidant ha skipailh renerezh Skol-Veur Roazhon 2 a het ur bloavezh mat deoc’h gant ar spi e kendalc’ho ar skolioù uhel, dre o c’hefridi a servij publik, da stummañ speredoù anaoudek a zegas peoc’h ha madelezh.

Les vœux en français sont suivis de leur traduction en breton, ce qui est très bien, mais soulève quelques questions d’un point de vue sociolinguistique, c’est-à-dire sociologique tout court en bonne épistémologie. Selon les chiffres affichés sur le site internet de l’université, nous sommes 1 400 membres du personnel et 22 000 étudiants. Le message a donc été envoyé à quelque 23 400 personnes. Combien sur ces 23 400 ont lu les vœux dans les deux langues ? Combien peuvent comprendre le message en breton ? Combien même sont capables de dire que c’est du breton ? J’ai bien une petite idée, car il existe des enquêtes sur la situation de la langue bretonne (la dernière date de 2018). Mais personne, je suppose, n’a les chiffres pour répondre précisément à ces questions dans le cas de Rennes 2. Continuer la lecture

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Armand Robin et Boris Pasternak

En 1949, dans le recueil Quatre poètes russes, Armand Robin s’excuse auprès des lecteurs de ne pas pouvoir donner le texte russe de certains des poèmes de Pasternak qu’il a traduits, « les textes originaux étant devenus introuvables ». Le plus souvent, il ne donne pas non plus les dates des poèmes qu’il a choisi de traduire, ni la référence des recueils dans lesquels il les a trouvés. Il faut se mettre soi-même en quête. On découvre alors que Robin n’a parfois retenu qu’une strophe ou deux, qu’il a combinée avec d’autres pour reconstituer un poème (ou sa traduction) de son propre cru. Continuer la lecture

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Howard Becker (1928-2023)

Howard Becker, dans presque tous les titres de presse qui annoncent son décès il y a deux jours (le 16 août), est présenté comme le sociologue ou le spécialiste de la déviance. Cela contient certainement une large part de vrai et c’est souvent aussi ce que retiennent les manuels de sociologie. Mais il n’est pas interdit d’aller au-delà des cours de première année. La déviance, sans doute. Mais quelle déviance ? Faute de pouvoir écrire dans l’immédiat un nouveau billet, je peux renvoyer à celui-ci qui posait déjà quelques questions.

Mais Becker était aussi musicien. En cherchant un peu, j’ai trouvé sur You Tube cette vidéo où on le voit au piano, lors de la convention nationale de l’American Sociological Association en août 2009 à San Francisco. Continuer la lecture

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Traduction et botanique

La question de la traduction étant inépuisable, voici, toujours dans le cadre de la lecture de la traduction française du Don paisible par Antoine Vitez, la question de la traduction des noms de plantes1. Ils sont nombreux dans le roman et leur traduction est d’autant plus difficile qu’il s’agit de noms vernaculaires, parfois spécifiques à la langue des cosaques du Don.

En voici deux exemples. Continuer la lecture

  1. J’ai déjà abordé le sujet à propos de la traduction par Anna Gibson de l’Almanach d’un comté des sables d’Aldo Leopold. Comme je l’explique dans une note de cet article, la traduction qu’elle a fait de certains noms de plantes me semble douteuse. []
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Variété dialectale et traduction

Dans un billet de novembre dernier, j’ai abordé la question de la traduction des dialectes régionaux, en m’inspirant de ce qu’en dit Michael Herrmann dans son livre Métaphraste ou De la traduction (Bern, Peter Lang, 2020). La lecture de la traduction française par Antoine Vitez du roman de Mikhaïl Cholokov, Le Don paisible (Presses de la Cité, Omnibus, 1991) permet de revenir sur ce sujet. On sait que Cholokhov (je laisse de côté la controverse, qui n’est pas close, au sujet du véritable auteur du roman) a largement utilisé, dans les dialogues, le dialecte des cosaques du Don. Quoi de plus normal que d’entendre des cosaques parler dans la langue qui est la leur ? Les lecteurs russophones, surtout s’ils connaissent cette langue, s’y retrouvent facilement et peuvent en tirer un plaisir de lecture supplémentaire. Mais comment rendre compte en français de cette variation dialectale ? Continuer la lecture

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