« Le paranoïaque rebâtit l’univers, non pas à la vérité plus splendide, mais du moins tel qu’il puisse de nouveau y vivre. Il le rebâtit au moyen de son travail délirant. Ce que nous prenons pour une production morbide, la formation du délire, est en réalité une tentative de guérison, une reconstruction. » (Freud, « Remarques psychanalytiques sur l’autobiographie d’un cas de paranoïa (Le Président Schreber) » in Cinq psychanalyses, PUF).
Cette citation de Freud m’a toujours fait réfléchir au lien entre délire et utopie. On sait que le terme utopie a été inventé par Thomas More dans son œuvre Utopia (1516). Ce terme a fini par prendre un sens très large d’idée ou de projet irréalisable ou chimérique. Mais il est bien plus intéressant dans sa définition plus limitée de projet de cité idéale et sans défaut. En ce sens, si Thomas More fut le premier à parler d’utopie, il s’inscrivait dans une longue tradition qui remonte, en Occident, à la République de Platon et qui s’est poursuivie après More.
Le courant de pensée socialiste au XIXe siècle a produit de nombreuses utopies. On pense bien sûr au Nouveau monde amoureux (1816) de Charles Fourier et à son phalanstère qui reçut un début de réalisation avec le familistère de Guise (Aisne) de Jean-Baptiste Godin. Mais on pourrait aussi ranger au rang des utopies socialistes le communisme de Marx, même si ce dernier n’a pas poussé très loin la description de ce que serait la cité idéale communiste.
Au XXe siècle, ces utopies socialistes ont été doublées par des utopies écologistes (voir le film La belle verte de Coline Serreau qui reprend bien des clichés écolos des années 1970 déjà analysés par Henri Mendras dans son Voyage au pays de l’utopie rustique et dont Quitterie Delmas nous offrait quelques extraits sur son blog pour Noël), mais aussi parfois par des contre-utopies, décrivant une société de cauchemar (je pense au film Soleil vert de Richard Fleischer, sorti en 1973).
Utopie et délire ont en commun de reconstruire l’univers. Cela ne veut pas dire, bien sûr, que toutes les utopies relèvent du délire, au sens psychopathologique du terme. Il ne saurait y avoir de projet politique sans une part d’utopie, sans une capacité à imaginer une société meilleure sinon idéale. Mais la limite entre utopie et délire n’est pas toujours nette. L’utopie communiste de Marx n’avait rien de délirant. Sa tentative de réalisation par Staline ou Pol Pot était, par contre, bel et bien délirante. Mein Kampf de son côté peut être considéré comme un document clinique qui relève plus du délire que de l’utopie stricto sensu. Mais Hitler réussira à entraîner des millions d’Allemands dans son délire pour tenter de construire l’utopie nazie d’un Reich de Mille ans. Le lien entre utopie, délire et totalitarisme mérite bien que l’on y réfléchisse encore et encore.
L’une des questions est-celle de la limite, du point de rupture ? Jusqu’à quand un délire peut-il passer pour une simple utopie sur laquelle on acceptera de s’engager ? A quel moment se fait la rupture (le délire apparaît comme tel : on ne suit plus) ? L’expérience historique montre qu’il n’y a pas de réponse univoque à ces questions.
Une autre question est celle des genres d’utopie (et de délire). Peut-on en faire une typologie, opérer une classification ? J’ai entrepris d’y répondre à partir des utopies écologistes. Ma réflexion sur ce point est encore embryonnaire, mais en voici quelques éléments :
Certaines utopies tendent à une forme de « naturisme ». Il s’agirait de laisser faire la nature : distinctions et frontières sociales sont abolies au profit d’une communion des corps. Je crois pouvoir trouver une passage à la limite de cette tendance dans le projet Fuck For Forest (attention: contenu explicite, 18 ans et +). Le site écolo-pornographique (eco-porn) Fuck for Forest a été créé par deux jeunes Norvégiens, Leona et Tommy, qui souhaitaient faire quelque chose pour protéger la forêt, mais qui, comme ils le disent eux-mêmes, n’avaient guère de compétence particulière. Ils se sont alors donné pour tâche de libérer la nature et la sexualité. Le site est décrit comme « animé par des personnes sexuellement libérées, qui jouent de leur sexualité pour attirer l’attention sur les menaces qui pèsent sur la nature afin de récolter des fonds pour la défendre ». Il s’agit plus précisément de « recycler la pornographie » (recycling porn). Les fondateurs se mettent en scène eux-mêmes ou font appel à des volontaires pour des photos et des vidéos franchement pornographiques, dans des décors le plus souvent « naturels » et avec un esthétisme qui rappelle le mouvement hippie. Les revenus du site (dont l’accès est payant) sont versés à des associations de protection de la forêt vierge (non sans mal d’ailleurs : ainsi WWF a refusé !). Un happening en juillet 2005 a contribué à leur réputation : Leona et Tommy eurent un rapport sexuel sur scène, face au public, lors du festival rock de Kristiansand (ce qui leur a voulu un procès). L’utopie ici peut sembler bien naïve voire candide. On n’en est pas moins dans une sorte de passage à la limite d’une tendance « naturiste » bien présente dans certains courants de l’écologisme (ajout du 18/04/08 : voir aussi ici).
Une autre tendance, plus intellectuelle, tend au contraire à cultiver l’entre-soi. Je crois pouvoir en trouver une illustration dans l’éco-féminisme de Françoise d’Eaubonne. Voici une citation caractéristique :
« A l’origine, l’agriculture était l’affaire des femmes. Il ne s’agissait pas d’un matriarcat, sorte de patriarcat renversé. Cela n’a jamais existé. Les femmes jouissaient d’un prestige certain, lié à leur importance dans la société, mais qui n’était pas lié à une hiérarchie.
La femme, mère et agricultrice, travaillait au sein de petites communautés familiales, dans une économie de type communiste primitif. Il s’agissait d’une agriculture à la houe, sèche, sans irrigation, nécessitant des déplacements fréquents le long des grandes voies de migration pré-romaines.
Le grand renversement s’est opéré avec la découverte de la charrue et de l’irrigation. L’agriculture est devenue sédentaire, avec appropriation du sol qu’il fallait défendre face aux tiers…
Dès le début du pastoralisme, les hommes ont observé les animaux qu’ils domestiquaient et c’est ainsi qu’ils ont découvert la paternité.
C’est ainsi que les hommes se sont appropriés les des deux ressources qui appartenaient aux femmes : l’agriculture et la fécondité.
Tous les problèmes actuels, qu’ils s’agisse de l’épuisement des ressources ou de l’explosion démographique, en découlent…
Nous vivons dans un paradoxe mortel : une population croissante doit vivre de ressources qui vont en diminuant. Ceci est la conséquence directe des deux révolutions fondatrices du patriarcat…
Les femmes doivent impérativement reprendre en mains la propriété de leurs corps qui leur a été volée par le patriarcat. Il est par ailleurs urgent de relier la lutte pour les droits des femmes à celle pour la défense de la nature, violée par le patriarcat. » Ecologie et féminisme : révolution ou mutation (1978) – souligné par moi
Il s’agit, ici, de souligner une tendance à l’exclusion (celle des hommes en l’occurrence) : « C’est ainsi que les hommes se sont appropriés les deux ressources qui appartenaient aux femmes : l’agriculture et la fécondité. Tous les problèmes actuels, qu’ils s’agisse de l’épuisement des ressources ou de l’explosion démographique, en découlent…» Dans Femmes avant le patriarcat (1976), on voit bien comment l’auteur est fascinée par l’amazonat et le culte d’Artémis. Dans Le féminisme ou la mort (1974), soulignant la convergence entre combat féministe et combat écologiste, elle écrivait que « seule une société au féminin, qui serait le non-pouvoir, pourrait accomplir cette mutation, car aucune autre catégorie humaine n’y est aussi directement intéressée à tous les niveaux et que le féminin est le seul des deux sexes en voie de pouvoir demain accepter, refuser, ralentir ou accélérer la reproduction de l’espèce ». L’œuvre de Françoise d’Eaubonne définit bien une utopie au sens de Thomas More : une cité idéale et sans défaut. Mais l’idéal ici est celui d’une cité de femmes dont les hommes seraient exclus…
Bien qu’elles témoignent d’un certain passage à la limite, les deux utopies précédentes ne me semble pas pouvoir être qualifiées nécessairement de délire. Il en va différemment des deux suivantes. Unabomber est le nom donné par le FBI a celui qui se révéla être Théodore John Kaczynski, brillant mathématicien recruté en 1967 par l’université de Berkeley dont il démissionne en 1969. De 1978 à 1995, Unabomber va défier le FBI en envoyant plusieurs colis piégés à des scientifiques ou à des compagnies aériennes, faisant 3 morts et 29 blessés au total. En 1995, il exige que son manifeste de 35 000 mots, Industrial society and his future (connu sous le nom de Manifeste d’Unabomber), soit publié intégralement par un journal important des USA. Il cessera alors sa campagne d’attentats. En septembre 1995, le New York Times et le Washington Post finissent par céder à sa demande. C’est d’ailleurs ce qui permettra à son frère de l’identifier. Le FBI pourra alors l’arrêter dans la cabane du Montana où il vivait depuis des années.
Si je range Unabomber parmi mes « utopistes » écologistes, c’est en raison de la critique radicale de la société industrielle et technologique que contient son Manifeste. Ce dernier commence ainsi :
The Industrial Revolution and its consequences have been a disaster for the human race. They have greatly increased the life-expectancy of those of us who live in « advanced » countries, but they have destabilized society, have made life unfulfilling, have subjected human beings to indignities, have led to widespread psychological suffering (in the Third World to physical suffering as well) and have inflicted severe damage on the natural world. The continued development of technology will worsen the situation. It will certainly subject human beings to greater indignities and inflict greater damage on the natural world, it will probably lead to greater social disruption and psychological suffering, and it may lead to increased physical suffering—even in « advanced » countries.
Cette critique de la société industrielle ou technologique par Unabomber est assez banale. C’est une version appauvrie et vulgarisée des critiques que l’on pouvait trouver chez Heidegger, Herbert Marcuse ou Jacques Ellul. La thèse d’Heidegger est connue : l’Être, comme le dit Bruno Latour, n’existerait plus que dans les chemins qui ne mènent nulle part de la Forêt-Noire. Partout ailleurs, c’est le désert. La société moderne, dominée par la science et la technique, aurait conduit à un Arraisonnement de l’Être (Ge-Stell). Mais qui oublie l’Être, demande Latour ? Le scientifique, l’ingénieur, ou celui qui croit pour de bon que l’Être a été oublié pour de bon ? Comme l’écrivait Lévi-Strauss dans Race et Histoire, « le barbare c’est d’abord celui qui croit à la barbarie » (cf. Bruno Latour, Nous n’avons jamais été modernes, 1991, p. 89). On ne saurait mieux caractériser Unabomber. Son manifeste reprend des thèses assez banales dans toutes sortes de courants de l’écologisme et de l’extrême-gauche. Ce n’est pas en cela qu’il m’intéresse. S’il m’intéresse, c’est parce que lui aussi passe à la limite. Son délire cristallisé sur la question de la science et de la technologie le conduit au meurtre. Mais comme dans le cas de Mein Kampf, la question de la limite entre le délire et l’utopie trouve ici toute son importance : le manifeste d’Unabomber ne manque pas de lecteurs qui y trouvent une source d’inspiration politique.
Mon dernier cas est celui du fondateur de l’instinctothérapie : Guy Claude Burger. D’origine Suisse, Burger s’inspire des écrits du docteur Kousmine, qui affirmait dès les années 1930, que le régime alimentaire des sociétés occidentales était mauvais et responsable d’un accroissement du taux de certaines maladies dont le cancer. Le docteur Kousmine prônait le retour à un régime sain, insistant notamment sur le caractère bénéfique des huiles de première pression à froid. Burger va radicaliser les idées de Kousmine en prônant un régime exclusivement crudivore. L’instinct seul doit commander : il est conseillé de renifler les aliments avant de les manger. Si l’odeur vous fait saliver, c’est que votre organisme a reconnu le bon aliment. Vers la fin des années 1980, Burger est devenu très populaire. Ses livres se vendent bien et il est régulièrement invité sur les plateaux de télévision (ici c’est sur France 2 en 1985). Mais il prétend guérir le sida avec plus de succès que la médecine officielle, ce qui lui vaut quelques démêlés avec le Conseil de l’Ordre. Qu’importe. Il reçoit un public conquis au château de Montramé près de Provins dans la Brie pour des stages d’instinctothérapie. Les affaires vont bien lui et pour sa société Orkos qui vend dans toute l’Europe des produits aussi crus qu’onéreux. Jusqu’à ce jour de 1997. Nous sommes un jeudi. Il est 23 heures. L’ancien ministre Alain Peyrefitte qui vient de démissionner de la mairie de Provins s’apprête à quitter une réunion du RPR local quand il est interpellé : « pourquoi vous ne vous occupez pas de la secte de pédophiles du château de Montramé ? » On découvre alors que les stagiaires du château ne font pas que manger cru. Burger est aussi le théoricien d’un « Œdipe non refoulé ». Il préconise les relations sexuelles avec les enfants. Au château des adultes forment des sortes de couples avec des enfants même très jeunes. Tout le monde couche avec tout le monde et déambule à moitié nu. En matière de sexualité comme d’alimentation, l’instinct doit être seul maître. Les plaintes se succèdent alors. Après une première condamnation en 2001, Guy Claude Burger sera condamné en appel en juin 2003 à 15 ans de réclusion criminelle. L’expert psychiatre a parlé à son sujet d’une personnalité s’inscrivant dans un tableau de « perversion constitutionnelle sadique ». Pourquoi ai-je retenu ce dernier cas ? Parce qu’ici encore utopie et délire se rejoignent. La cité va mal, son alimentation est viciée. Voilà une thèse banale (à ce niveau de généralité en tous cas) dans certains courants de la nébuleuse écologiste. Les foires bio sont remplies de stands où l’on préconise différents régimes alimentaires censés nous préserver des maux auxquels nous expose la nourriture agro-industrielle (la thèse de la malbouffe chère à José Bové !). Mais Guy Claude Burger pousse la thèse et les comportements associés à leurs limite. Il continue d’ailleurs à avoir quelques disciples (qui dissocient désormais sa pédophilie et son régime).
Le lecteur familier avec la théorie de la médiation aura sans doute reconnu un certain ordre dans ma typologie, que peut résumer le tableau suivant :
Instituant (alliance, rapport à l’autre) | Institué (pouvoir, rapport à autrui) | |
Autolyse | D’Eaubonne | Unabomber |
Fusion | Fuck for Forest | Guy Claude Burger |
Pourtant, il ne s’agit en aucun cas de ramener chacune de ces « utopies » à des pathologies. Si les cas d’Unabomber1 et de Guy Claude Burger relèvent très certainement de la psychopathologie, on s’abstiendra d’en dire autant des deux autres cas. D’autant qu’il ne s’agit pas ici de poser des diagnostic mais de s’aider de la distinction des « faces » et des « axes » pour tenter de repérer des tendances parmi les utopies, avec possibilité de « passages à la limite ». Il ne s’agit pas, de surcroît, de faire entrer de toute force les cas ou situations dans des cases, mais de les utiliser au contraire pour interroger les cases.
- J’ai d’ailleurs un doute au sujet d’Unabomber : schizophrène ou paranoïaque ? [↩]
C’est marrant parce que tu hésites entre autolyse et fusion dans le cas d’unanomber et pas dans le cas D’Eaubonne. Or s’il s’agit là de rapporter l’espèce au seul genre féminin, on est bien dans un processus politique (anallactique certes mais politique quand même). Il s’agit de constituer de la société idéale, sans divergence. Il me semble que ce projet est plutôt fusionnel. Je ne pense pas qu’il puisse par définition y avoir d’utopie politique « autolytique » puisque l’autolyse nie le politique.
Hum, pas sûr justement. Un schizo ne devient pas un « pur esprit ». Pour Kaczynski, ce qui est intéressant c’est que l’on dispose du rapport de l’expert psychiatre qui parle de « schizophrénie paranoïde ».
Cf. http://www.courttv.com/trials/unabomber/documents/psychological.html
Je parlais là d’Eaubonne et pas d’Unanomber. L’utopie de l’entre-soi est une politique, comme l’utopie de l’ethniquement pur. On reste dans la perspective du collectif advenu et on est donc plus à mon avis dans le fusionnel que dans l’autolytique….si cette distinction a un sens, car après tout l’hypothèse qu’il y ait des pathologies de l’instance (des blocages) n’est qu’une hypothèse. Je me rappelle que Jean-Yves Urien emettait des doutes sur la possibilité d’existence même de la schizophasie. Et par exemple, il est parfois difficile de différencier le névrosé et le psychopathe.
Heureusement qu’il y a aussi l’envers du decor avec des approches spirituelles de l’écologie, mais ds lesquelles le risque d’autolyse n’est pas exclu non plus.
Leona et Tommy ne sont- ils pas ouvertement exhibitionnistes? …et libertins
@ le passant,
je suis d’accord avec toi sur la difficulté de différencier névrosés et psychopathes, tant qu’on a pas les bons éléments pour y procéder.Sur quelques cas de névrosés que j’ai repérés et non suivis par quelque psy que ce soit, il y a franchement de quoi s’inquiéter par leur façon, en public, de compenser leur trouble!
@ Jean Michel,
Un diagnostic de « schizophrénie paranoïde » me laisse rêveur devant le talent des psy américains….
Exihibitionnistes au sens courant c’est sûr. Maintenant l’exhibitionnisme pervers suppose un scénario d’effraction (jusqu’à ce que la victime réagisse: le pervers guette la réaction de la victime). Ce qui ne semble pas le cas ici. C’est pour ça que je parlais d’une certaine candeur.
Sur le fait qu’on est dans des politiques, oui bien sûr. L’utopie positiviste d’Auguste Comte se voulait aussi politique mais on peut faire l’hypothèse d’un Comte schizophrène (il faudra d’ailleurs un jour écrire un papier sur « les origines psychotiques de la sociologie » – chez Rousseau, Comte).
Quant à la schizophrénie paranoïde, elle est définie par les psychiatres comme la forme la plus fréquente de schizophrénie et correspond à un des types du DSM IV. Le délire paranoïde est bien distingué par les psychiatres du délire paranoïaque et on peut quand même leur faire confiance sur ce point.
Sur le couple exhibitionniste, n’oublie pas qd même leur prestation…. en concert public, et qui a certainement fait réagir le public!
Personnellement, je vois plus les problèmes écologiques, et/ou de l’écologie politique comme relevant de ce que Gagnepain avait appelé hégétique…
Ds l’immédiat, par leurs codifications très approximatives, les politiques arbitrent des histoires économistiques; pendant que les croyants, les religions, les théologiens découplent la réciprocité formelle correction-probation (avec les concepts ici d’ H Guyard ds « Questions d’éthique » – Téralogique N°9), que je te laisse retraduire avec ceux de DVD T2 très explicites qt à ce que j’évoque). C’est comme si on avait abolition de l’instance éthique ds le 1er cas, et autolyse sur l’une ou l’autre face ds le 2nd.
Bon, Confucius dirait qu’il faut trouver le ‘dao’, le juste milieu…
Un des effets serait de sortir de l’intoxication par le risque CONNU/INCONNU – donc pris comme un fait indubitable – qui découpe la « réalité » en principes de prévention et de précaution (voire du pollueur-payeur) puis tout le fatras de la théorie des jeux, alors que même devant un risque connu, et faute de modèles opératoires, les pouvoirs publics ne savent tjs pas, justement, construire de stratégie pertinente pour ‘serrer’ le comportement admissible, ortho…, droit, autrement que par une ‘morale’ répressive….alors que si on parvenait à voir jouer l’instance éthique formelle (ds sa réciprocité, comme taxinomiquement et générativement) nous serions ds le « li » confucéen (sens du rituel)… une morale sans obligation ni sanction….
Ce serait plus clair si je pouvais illustrer çà de l’exemple auquel je pense, ce qui déplacerait le pb de tes quatre cas +ou- pervers (ci-dessus) au niveau de ce que serait leur réaction (sociologique) devant du Code où le processus de légitimation nous devient à peu près transparent. Bref, mais on serait encore, analogiquement, et faute de pouvoir multiplier les mises en situation, devant de l’illisible sur une feuille de papier: « aphasique ou atechnique? »; donc ici un trouble, sociologique et/ou axiologique.