Extrait d’un texte de Dominique Lecourt, lecteur d’Ayn Rand, sur iphilo :
Les lois s’empilent. Les ministres consacrent leurs efforts à formuler, imposer et inculquer ces normes et règlements administratifs, par milliers, qui paralysent le pays. Aujourd’hui, le fameux choc de simplification s’est transformé en une vraie tyrannie normative. Est-ce l’« art de gouverner » ? Plutôt une technique pour donner le change quand on a perdu tout contrôle sur le destin du peuple.
En tirer effectivement une interrogation sur ce qu’est devenu l’art de gouverner. Pas encore lu le livre de Lecourt sur Ayn Rand (L’égoïsme, Paris, Éd. Autrement, 2015), mais c’est au programme. Il faudra que je relise aussi son Lyssenko. Histoire réelle d’une « science prolétarienne ».
PS. Comme le baseball et le beurre de cacahuète, Ayn Rand faisait partie jusqu’ici de ces institutions américaines qui, contrairement par exemple au Cola, au jeans et au cinéma hollywoodien, n’ont eu en France qu’une diffusion très marginale. La sortie du livre de Lecourt, presque quatre ans jour pour jour après la sortie de la première traduction française autorisée d’Atlas Shrugged, serait-il un signe que les choses sont en train de changer ?
Ajout du 23 octobre. Contrairement à ce que j’avais pu croire à la lecture de certaines recensions, le dernier livre de Lecourt n’est pas sur Ayn Rand. Il s’agit d’une réflexion beaucoup plus générale et de mon point de vue assez superficielle sur le thème de l’égoïsme, dont le principal fil conducteur est la distinction entre égoïsme de compétition (celui des rivalités et des jalousies) et égoïsme d’indifférence (celui qui nous rend insensibles au bonheur comme au malheur des autres). L’épilogue se contente d’ajouter quelques pages de plus (3 exactement) aux milliers de pages écrites par de multiples auteurs pour dénoncer l’égoïsme des « ultra-riches », ces « nouveaux milliardaires [qui] professent une profonde détestation de l’État, alors même qu’ils doivent une part essentielle de leur fortune à son assistance » (Lecourt, p. 170 – qui exclut du lot un Bill Gates et un Warren Buffett). Ayn Rand, que Lecourt avoue n’avoir découverte que tardivement, un peu par hasard, au cours d’un séjour à New York en août 2011, n’apparaît qu’au bout de 125 pages (sur 172 hors notes). Un chapitre, il est vrai, est alors consacré à la conception randienne de la « vertu d’égoïsme » mais il nous apprend bien moins sur le sujet que Wikipedia, d’autant moins qu’il y est presque autant question de Schopenhauer, de Nietzsche et de Max Stirner que d’Ayn Rand. Bref, un livre plutôt décevant (au regard notamment de l’article d’iphilo).