Saisi par quelques députés qui contestaient l’article 6 de la loi relative à la protection patrimoniale des langues régionales et à leur promotion, dite loi Molac, votée par l’Assemblée nationale le 8 avril dernier, le Conseil constitutionnel a donc rendu son verdict : le sixième alinéa de l’article L. 442-5-1 du code de l’éducation, créé par cet article 6 est reconnu conforme à la Constitution. Mais le Conseil, de son propre chef, s’est aussi penché sur les articles 4 et 9 de la même loi qui ont tous les deux été déclarés contraire à la constitution, en ce qu’ils en méconnaîtraient l’article 2 (premier alinéa : « la langue de la République est le français »):
- l’article 4 « en prévoyant que l’enseignement d’une langue régionale peut prendre la forme d’un enseignement immersif »
- et l’article 9 « en prévoyant que des mentions des actes de l’état civil peuvent être rédigées avec des signes diacritiques autres que ceux employés pour l’écriture de la langue française », ce qui reviendrait à reconnaître « aux particuliers un droit à l’usage d’une langue autre que le français dans leurs relations avec les administrations et les services publics ».
Bref, l’enseignement immersif tel qu’il est pratiqué en Bretagne depuis 1977 par les écoles Diwan ainsi que l’usage administratif de signes diacritiques « autres que ceux employés pour l’écriture de la langue française » sont déclarés inconstitutionnels. La décision fait les gros titres de la presse quotidienne régionale du samedi 22 mai : « Enseignement des langues régionales : le débat est relancé », déclare Ouest-France « La langue bretonne accuse le coup », ajoute Le Télégramme.
Je ne souhaite pas dans ce billet traiter de l’aspect directement politique de cette affaire, qui s’invite dans la campagne pour les élections régionales (le député Paul Molac, porteur de la loi dont le Conseil constitutionnel vient d’invalider deux articles, figure sur la liste « La Bretagne avec Loïg » du président socialiste sortant de la région Bretagne, Loïg Chesnais-Girard). Mais c’est en sociologue un peu frotté de linguistique, que je souhaite apporter quelques réflexions en partant de la question des signes diacritiques « autres que ceux employés pour l’écriture de la langue française » et de l’exemple que tout le monde a en tête en Bretagne et qui motivait très largement l’article 9 de la loi précitée.
Cet exemple est celui du tilde sur le n du prénom Fañch. Un article de Wikipédia est spécialement consacré à cette « affaire Fañch » qui a démarré en 2017. En voici les principaux épisodes. En mai 2017, le service de l’état civil de la mairie de Quimper refuse le prénom Fañch (hypocoristique de Frañsez, l’équivalent breton de François) choisi par les parents pour leur garçon qui vient de naître. La ville de Quimper revient très rapidement sur cette décision, mais en septembre le tribunal de grande instance du lieu ordonne la rectification du prénom, considérant qu’admettre le tilde reviendrait « à rompre la volonté de notre État de droit de maintenir l’unité du pays et l’égalité sans distinction d’origine ». Les parents font appel et la cour d’appel de Rennes leur donne satisfaction. Mais le parquet général dépose un pourvoi en cassation, rejeté finalement par la première chambre civile de la Cour de cassation le 17 octobre 2019. L’enfant est donc autorisé à s’appeler Fañch, avec tilde. Mais la reconnaissance légale des signes diacritiques des langues régionales demeurait fragile et l’article 9 de la loi Molac visait justement à sécuriser le droit sur ce point. La décision du Conseil constitutionnel fragilise de nouveau la position des parents qui pourraient, comme les parents quimpérois de Fañch, n’être définitivement fixés sur l’acceptation ou non d’un prénom qu’après une longue procédure judiciaire.
Dans le cas de Fañch, le premier obstacle avait été la circulaire du 23 juillet 2014 relative à l’état civil qui donne une liste fermée de « voyelles et consonne accompagnées d’un signe diacritique connues de la langue française ». Il s’agit de à â ä é è ê ë ï î ô ö ù û ü ÿ ç. Le ñ n’y figure pas, d’où la première réaction du service d’état civil de la mairie de Quimper ainsi que la décision du tribunal de grande instance.
Le site internet Ar Gedour (Le Guetteur ou La Vigie) a publié un article très détaillé sur les origines et l’usage du tilde, tant en français qu’en breton. On y apprend notamment que « tilde » est le mot castillan qui a fini par s’imposer en français à la place du mot « tiltre ». Les deux mots viennent du latin titulus «titre, inscription » et dans un sens spécial « écriteau attaché au cou d’un esclave mis en vente » (Gaffiot).
En français, le tilde était utilisé dès le Moyen Âge : placé au-dessus d’un mot, sous la forme d’un trait horizontal, recourbé ou non à ses extrémités, il indiquait une abréviation (voir la définition de tilde dans le Trésor de la langue française informatisé). C’est ainsi que, comme le fait remarquer ironiquement l’auteur de l’article d’Ar Gedour, « Roi de France » pouvait s’écrire « Roy de Frãce » et « les Français» « Les Frãçois » ! Les plus malicieux font remarquer que l’article 111 de l’ordonnance de Villers-Cotterêt de 1539, toujours en vigueur, comporte lui-même deux tilde dans l’édition originale. Le tilde, historiquement, n’est donc pas plus espagnol ou breton que français et la circulaire de 2014 témoigne incontestablement d’un juridisme quelque peu étriqué, de même que la décision du Conseil constitutionnel qui ne donne aucune précision sur ce qu’il considère être les signes diacritiques « employés pour l’écriture de la langue française » (peut-être s’appuie-t-il implicitement sur ladite circulaire).
En breton, le même article d’Ar Gedour signale l’utilisation du tilde dès la seconde moitié du XVe siècle, dans le Catholicon, dictionnaire trilingue breton, latin, français dû à Jehan Lagadeuc. Le tilde y est placé au-dessus d’une voyelle et indique le doublement du n qui suit ainsi que sa nasalisation. L’exemple donné par Ar Gedour est celui de l’expression glãn an dour, « rive de rivière », qui en breton contemporain s’écrirait glann an dour.

Fac similé de l’article glãn an dour dans le Catholicon.
En breton contemporain, c’est depuis 1908 et l’adoption de l’orthographe dite KLT (Kerne-Leon-Treger) que le tilde, qui apparaît uniquement sur le n, signale la nasalisation de la voyelle précédente, par exemple dans dañs [dãs] « danse », preñv [prẽ:v] « ver », groñs [grɔ̃s] « absolument », puñs [pỹs] « puits », etc. Fañch se prononce donc [fãʃ].
Voilà sommairement pour l’usage du tilde et de son histoire.
Venons en maintenant à la sociologie et plus spécialement à celle des prénoms. De ce point de vue, le choix des parents d’appeler leur enfant Fañch s’inscrit dans une tendance contemporaine plus générale à diversifier et individualiser les prénoms, bien analysée par Baptiste Coulmont dans son livre Sociologie des prénoms (La Découverte, « Repères», 2011). En France, il fallait plus de 100 prénoms en 2004 pour nommer la moitié d’une classe d’âge, alors que les 20 prénoms les plus fréquents suffisaient en 1946 (Coulmont, 2011, p. 38). La tendance parentale est de rechercher des prénoms rares «qui individualisent mécaniquement les enfants qui les portent» (ibid. p. 40). Un graphique paru dans la revue Octant montre que la Bretagne suivait sur ce point la tendance française générale, à un moindre degré cependant :

Graphique reproduit dans Coulmont, 2011, p. 40.
Parmi les procédés permettant de diversifier les prénoms, Baptiste Coulmont mentionne le mécanisme d’«expansion à partir d’une racine», identifié par le sociologue américain Stanley Lieberson. Ce mécanisme, qui exploite le processus de dérivation linguistique, « permet d’engendrer de nouvelles formes à partir d’une forme initiale » (ibid. , p. 57). Le prénom Jane, par exemple, va donner naissance à une multitude de formes dérivées : Janette, Janice, Janis, Jaime, Jamie… Le cas de Fañch nous montre un autre procédé de diversification : cette fois c’est l’hypocoristique qui devient un prénom à part entière, distinct du prénom initial. Fañch, dans ce cas, n’est plus ni François ni Frañsez et la valeur hypocoristique est neutralisée. Si les Russes suivaient la tendance occidentale à la diversification des prénoms, ils pourraient ainsi créer autant de prénoms différents qu’il y a de diminutifs (hypocoristiques) possibles du prénom Alexandre : Sacha, Sachenka, Sania, Sanka, Choura, Chourik… Personnellement, je trouverais cela un peu curieux et même dommageable, la richesse de la langue reposant en l’occurrence sur l’ensemble constitué par le prénom officiel distinct de ses variantes hypocoristiques adaptées chacune à des situations d’interlocution particulières, mais je ne suis pas législateur (je n’ai pas vérifié si une telle tendance se dessine en Russie, mais la page Wikipédia consacrée à la notion d’hypocoristique s’appuie sur des travaux hongrois pour souligner une telle tendance en Hongrie).
Du point de vue de la diversification et de l’individualisation en tout cas, le prénom Fañch participe donc d’une tendance contemporaine qui n’a rien de spécifique à la Bretagne. Mais il y a quand même quelque chose de plus spécifique à la Bretagne dans cette affaire, c’est le militantisme régionaliste.
Autrefois, les parents de Fañch l’auraient appelé François ou Jean François ou François Marie, du moins à l’état civil, en reprenant les prénoms en usage dans les générations précédentes, ce qui ne les aurait pas empêchés de lui parler breton, voire de l’appeler au quotidien Frañsez ou Fañch. Voici par exemple ce que dit à ce sujet l’écrivain et grammairien bretonnant Frañsez Kervella, né à Dirinon en 1913, dans son livre autobiographique An ti e traoñ ar c’hoad (La maison en bas du bois) (Lesneven, Mouladurioù Hor Yezh, 1990) :
En ti-kêr e oan bet kaieret dindan an anv a François-Marie, hag an anv-se eo an hini a veze roet din er gêr, an hini ivez ma oan anavezet drezañ ur wech kaset d’ar skol. (À la mairie, j’ai été enregistré sous le nom de François-Marie, et c’est ce nom-là que l’on me donnait à la maison, celui sous lequel j’étais connu aussi une fois «envoyé» 1 à l’école).
Il était appelé François-Marie, ce qui n’empêchait pas sa mère — il fut très jeune orphelin de père — de lui parler exclusivement en breton, qui était donc sa langue maternelle. Comme de très nombreux enfants de sa génération et de la génération ultérieure encore, c’est à l’école qu’il apprit le français. Si je regarde du côté de mes propres ancêtres, tous originaires de la partie ouest, bretonnante, de la Bretagne, à l’exception d’un arrière-grand-père maternel et de ses propres ancêtres, et tous de milieu populaire (cultivateurs et marins), les prénoms les plus représentés chez les hommes étaient, dans l’ordre, Jean, François, Yves, Joseph, Claude, Guillaume, Alain, Louis, Hervé, Pierre, Julien et chez les femmes Marie (mais ce prénom était aussi porté par des hommes), Anne, Françoise, Catherine, Marguerite. Dans ma base de données généalogique qui comporte 1207 personnes et qui remonte pour certaines branches jusqu’au XVIe siècle, 615 personnes (51 %) portent ces 16 prénoms-là. Il s’agit des prénoms tels qu’ils figurent sur les registres de l’Église ou sur ceux de l’état civil qui, depuis 1539 et l’ordonnance de Villers-Cotterêt, doivent être rédigés en français. L’usage quotidien pouvait bien sûr être différent et employer une forme bretonne (Lom ou Lomig pour Guillaume, Katelin ou Katell pour Catherine, etc.). Il n’en reste pas moins que parmi ces 16 prénoms, seul Hervé est d’origine celtique et peut être considéré comme un prénom « breton ». On pourrait y ajouter Yves en raison de la popularité en Bretagne, depuis le XIVe siècle, d’Yves Hélory de Kermartin, mais les spécialistes divergent au sujet de l’étymologie, germanique ou celtique, de ce nom 2. Deux autres prénoms « bretons » seulement figurent parmi ces prénoms ancestraux : le prénom féminin Nonne (4 occurrences) et le prénom masculin Trémeur (3 occurrences). Le premier fait référence à sainte Nonne (mais l’étymologie pourrait être latine), le second à saint Trémeur. Cette rareté des prénoms « bretons » n’empêchait pas ces ancêtres, les cultivateurs de la partie bretonnante de la Bretagne en tout cas, de parler breton et probablement, chez les plus anciens, seulement cette langue.
Depuis les années 1970 à l’inverse, de très nombreux enfants se sont vu attribuer des prénoms bretons ou « celtiques ». Ce n’est pas par hasard que Baptiste Coulmont, dans son livre Sociologie des prénoms, s’arrête plus spécialement sur le cas de la Bretagne pour montrer comment les usages du prénom peuvent porter la marque de «certaines revendications micronationalistes ou régionalistes au sein d’États-nations plus larges» (Coulmont, 2011, p. 25). S’appuyant entre autres sur un article de Martine Ségalen, il observe que
la Bretagne devient, sur le plan des prénoms, de plus en plus bretonne au cours des soixante dernières années. Les revendications autonomistes et nationalistes des années 1970 s’accompagnent d’un nationalisme du prénom. La libéralisation du choix des prénoms, effective en 1993 mais préparée plus avant, donne aux parents la possibilité de confier à leurs enfants une identité d’autant plus importante, à leurs yeux, que les différents dialectes bretons ne sont plus parlés (ibid.).
Un graphique accompagne le propos qui montre qui si la part des enfants nés en Bretagne qui avaient reçu un prénom breton ne dépassait pas 10 % dans la période 1950-1970, elle progresse assez nettement au cours de la décennie 1970 pour atteindre près de 15 %, puis retombe légèrement au début des années 1980 et repart en nette hausse entre le milieu des années 1980 et le milieu des années 2000 où elle atteint 25 % 3.
On pourra reprocher au sociologue une référence assez approximative aux «différents dialectes bretons». La langue bretonne, si c’est d’elle qu’il s’agit, n’est plus guère parlée il est vrai, mais elle n’a pas non plus complètement disparu (la dernière enquête, celle de TMO pour le Conseil régional en 2018 estimait à 140 000 le nombre de locuteurs effectif, soit une diminution de 40 % depuis 1997, avec une fréquence d’usage qui, il est vrai aussi, n’est pas toujours quotidienne). Ces réserves étant faites, le constat était globalement juste mais le processus revendicatif et identitaire demanderait à être étudié de plus près et notamment l’hypothèse, sous-jacente dans le passage cité, que les prénoms bretons viendraient compenser sur le plan identitaire le déclin de la langue. Tous les choix de prénoms bretons, de ce point de vue, n’ont sans doute pas la même signification. Dans un autre chapitre de son livre, pour illustrer les phénomènes de mode d’origine régionale, c’est encore la Bretagne que retenait Baptiste Coulmont en montrant comment le prénom Loïc, donné exclusivement dans les départements de l’Ouest, dont les 5 départements bretons, en 1946, est devenu un prénom à la mode qui va traverser la France à partir des années 1950 avant que la mode ne régresse en commençant par les départements d’où elle était partie (Coulmont, 2011, p. 51). Il est à peu près certain que tous ces Loïc, même quand ils sont nés en Bretagne, ne parlent pas le breton. Beaucoup même ne le comprennent sans doute pas. Cela semble être le cas cas du président sortant de la région, Loïg Chesnais-Girard (né en 1977 à Lannion), dont le prénom nous met par ailleurs en présence d’un procédé supplémentaire de diversification: celui qui consiste à jouer uniquement sur la graphie, qui distinguera par exemple Loïc de Loïck ou de Loïg 4. Mais le prénom Loïc n’est sans doute pas le plus représentatif d’un prénom militant et il faut tenir compte des parents qui associent choix de prénoms bretons et transmission de la langue bretonne, soit dans le cadre familial, soit dans le cadre scolaire, soit dans les deux cadres à la fois (B. Coulmont était bien conscient de ces questions, comme le montre cette comparaison déjà ancienne entre la Bretagne et le Pays basque).
Cela conduirait aussi à travailler, dans le cas particulier de la Bretagne, sur le lien entre prénoms bretons et CSP, souligné dès 2002 par Françoise Morvan :
le partage entre le bas peuple et la petite bourgeoisie se lit dans les registres d’état civil : aux pauvres, les noms américains, Perle, Dick, Elvis, Cindy qui se retrouvent dans les lycées techniques ; aux classes de latinistes voués aux sections scientifiques les Gwenn, Owen, Ann-Aël, Gwenvaël, Maïwenn et autres enfants marqués du signe de la distinction (F. Morvan, Le monde comme si, Actes Sud, 2002, p. 52).
L’outil mis en place par Baptiste Coulmont confirme déjà que les Maiwenn (il faut saisir le prénom sans le tréma sur le i), statistiquement, se situent nettement au-dessus de la moyenne des autres candidats pour le nombre de mentions au bac contrairement aux Cindy qui se situent nettement en-dessous de cette moyenne. Mais toutes ces Maïwenn ne viennent peut-être pas de Bretagne.
- J’utilise exprès le bretonnisme « envoyé » qui résulte de la traduction du breton kaset : en Bretagne, on peut vous « envoyer » à l’école (kas ac’hanoc’h d’ar skol), c’est-à-dire vous y inscrire, vous y conduire… C’est simplement que le verbe kas désigne un mouvement vers l’extérieur (qui peut se traduire selon les cas par envoyer, emmener, conduire, livrer, porter) tandis que son contraire, digas, désigne un mouvement vers l’intérieur (ramener, rapporter), et que cette sémantique bretonne a laissé des traces dans le français parlé en Bretagne. Voir à ce sujet les deux tomes du best seller régional d’Hervé Lossec, Les bretonnismes. Le français tel qu’on le parle en Bretagne. Éditions Skol Vreizh, 2010 et 2011.
- On peut laisser place au doute aussi pour le prénom féminin Anne, en raison de la particularité du culte de sainte Anne en Bretagne.
- Cette courbe correspond assez bien, et ce n’est certainement pas un hasard, à ce qui se passe aussi dans le domaine musical avec la première vague «celtique» des années 1970 — marquée notamment par le concert d’Alan Stivell à l’Olympia en février 1972 –, le creux relatif des années 1980, puis la seconde vague des années 1990, marquée entre autres par L’Héritage des Celtes.
- La différence entre Loïc et Loïg peut s’expliquer par le phénomène linguistique de dévoisement des consonnes finales qui existe en breton comme dans d’autres langues. Ainsi, devant une voyelle, on prononcera [loig] (par exemple dans Loig a lavar…, «Loïc dit…») mais si le mot est seul (par exemple dans l’interpellation «Loïc !») on prononcera [loik]. Mais c’est bien le même prénom, phonologiquement et étymologiquement. Seul l’artifice de la lettre et son inscription à l’état civil permet d’en faire deux prénoms différents. Le procédé est assez fréquemment utilisé, parfois sans aucune explication phonologique ou phonétique, et j’ai appris, en tant qu’enseignant, à faire attention à ne pas confondre les Kilian, les Killian et les Kylian ou les Kathy et les Katy — exemple de double différenciation avec un hypocoristique devenu prénom à part entière + différence de graphie.
Intéressant article.
En étant pragmatique , quel critère serait retenu pour l’admissibilité du tilde ? La faculté de le trouver dans des textes historiques en français ? Cela signifie donc ajouter un signe à la liste. Cela ne change pas la dynamique globale, juste la liste diffusée en circulaire.
Il se trouvera bien un autre nom ou prénom qui coincera.
S’il s’agit de changer la dynamique globale, et admettre les prénoms ou nom de famille conforme à leur origine, il sera impossible de maintenir une telle liste, que l’on songe par exemple aux alphabets des seules langues slaves occidentales. Joies de l’UTF-8, une telle extension devrait conduire à la revendication de l’usage de caractères arabes ou cyrilliques.
Pas sur que ça rend plus aisé le vivre-ensemble.
Il y a deux aspects en effet, l’éclairage socio-historique et la décision pragmatique. Personnellement déjà, du point de vue pragmatique, j’aurais suivi la tradition ancestrale et donné à l’enfant le prénom officiel François quitte à l’appeler Fañch et à lui parler breton dans la vie courante. Ce serait aussi garder à l’hypocoristique sa valeur d’hypocoristique (je n’irais pas non plus appeler officiellement un enfant Dédé plutôt qu’André). Mais ce n’est pas la tendance générale apparemment. Côté administratif, il était seulement question d’un signe diacritique qui a été utilisé en français, pas d’un autre alphabet, d’où l’arrêt favorable au tilde de la Cour d’appel de Rennes. Sur ce point la décision du Conseil constitutionnel – mais je n’en suis pas spécialiste – me paraît bien moins motivée puisqu’elle se contente de parler des signes diacritiques « employés pour l’écriture de la langue française » sans en donner aucune liste ni renvoyer à aucun autre texte.