La formation à l’informatique à l’université

Les formations en informatique proposées par l’université (aux personnels mais aussi aux étudiants) restent trop souvent des formations à des outils propriétaires (Microsoft notamment), malgré des exceptions comme Moodle (sous licence GPL – cf. http://www.gnu.org/copyleft/gpl.html), utilisé à Rennes 2 pour les cours en ligne, malgré aussi la promotion de Firefox et Thunderbird et en attendant de futures formations à Open Office.
Pourtant, nous n’avons absolument pas à nous former (et à former les étudiants) à Word mais au traitement de texte (domaine dans lequel il existe certes Word mais aussi de très bonnes alternatives libres comme justement OpenOffice Writer…) voire au formatage de texte (LaTeX…). De même, nous n’avons pas à nous former à Excel mais aux tableurs (parmi lesquels il y a aussi Open Office Calc…) et plus largement aux outils de calcul (parmi lesquels R, Scilab…). Nous n’avons pas non plus à nous former à Power Point (pauvre point ?) mais aux outils de présentation (et ils sont très nombreux : OpenOffice Impress, Magicpoint… surtout si l’on ajoute les outils utilisant le format PDF à partir de fichiers LaTeX ou autres, tels PDFscreen, etc.).
Il en va de même d’ailleurs pour la formation que nous donnons aux étudiants : s’agit-il d’en faire des clients captifs de Microsoft parce qu’ils ne connaissent que ça ou s’agit-il de les former à l’informatique (ce qui n’est pas du tout la même chose) ?
Outre que ces logiciels propriétaires coûtent cher (acquisition, licences…) et que l’argent public pourrait souvent être mieux utilisé1, une université, établissement d’enseignement public, élément du dispositif d’Éducation nationale, n’a sans doute pas à travailler gratuitement à entretenir le marché captif et les rentes de situation d’une entreprise privée, de surcroît une multinationale américaine. Pour cela, elle doit veiller au pluralisme des outils dans la formation à l’informatique (sachant encore une fois qu’il s’agit de former à une maîtrise de l’informatique, permettant de s’adapter à n’importe quel outil et de choisir, et non pas de former à l’utilisation de tel ou tel outil particulier, forme de monoculture et de perte de compétence, puisque l’usager formé dans la monoculture est perdu dès lors qu’il se trouve en face d’un outil auquel il n’est pas habitué).
La démocratie dans la société de l’information est à ce prix. Car qui dit société de l’information dit outils de production, de lecture et d’accès aux documents numériques. Former seulement aux outils Microsoft, c’est travailler, volontairement ou non, à perpétuer la situation de quasi-monopole et donc de contrôle sur la société de l’information que détient cette société. Contrôle qu’elle souhaiterait bien accroître encore en verrouillant le marché à son profit grâce aux brevets logiciels et autres DRM (Digital Rights Management).

Bref, les choix techniques ne sont pas neutres.

Pour plus d’information, je ne peux que renvoyer à quelques sites :

Et dans un domaine plus directement politique, la tribune publiée dans Le Figaro du 23 juin 2006 par Bernard Carayon (député UMP du Tarn) et Michel Rocard (député européen PS, ancien premier ministre), dont les arguments, malheureusement, n’ont guère été entendus, ni par le gouvernement, ni par la majorité des députés UMP qui ont voté la loi DADVSI le 30 juin.

1Travailler avec des outils libres permet en plus d’en faire des copies pour les étudiants, cela en toute légalité. Les étudiants peuvent ainsi travailler chez eux, pour un coût négligeable, voire nul, sur les mêmes logiciels que ceux utilisés en cours. Ce qui est un énorme avantage pédagogique.

Ce contenu a été publié dans Informatique, logiciels libres, avec comme mot(s)-clé(s) , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.